Rassurez-vous l’Association E&D, trentenaire, ne s’est pas inspirée, pour le titre de son colloque de celui d’un nanar de la fin des années 70 du siècle dernier. Non, du sérieux « Faire confiance : une nécessité pour l’école et pour ses acteurs ».
30e colloque national donc, au Lycée des Bruyères, dans la banlieue rouennaise, les 24, 25 et 26 janvier 2014.
Quelques images. Avec en contre-point quelques textes de Prévert surtout, de Supervielle aussi et de Leny Escudero.
J.F. Delporte, V. Peillon, M.C. Cortial, A. Picquenot,N. Mayer-Rossignol
Jean-François Delporte, Provisieur du Lycée des Bruyère, accueille les particpants qui ont droit à une vidéo du Ministre de l'éducation nationale.
Mot d'accueil également de la Présidente, Marie-Claude Cortial. Puis, Alain Picquenot intervient au nom de la Rectrice, avant que Nicolas Mayer-Rossignol, Président de la région souhaite la bienvenue en Haute-Normandie.
Conférence de P. Joutard, questions de P. Bouchard, journaliste et de G. Moreau, secrétaire général honoraire
Le cancre
Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.
Jacques Prévert
En ponctuation du colloque des élèves d'option audio-visuel ont réalisé des "clips" d'entretien avec des élèves sur le thème de la confiance
La disputatio
Définition :
Le maître pose une question ; un étudiant répond à cette question en débroussaillant le terrain : c’est le respondens ; puis un autre étudiant s’oppose à ce premier en apportant des arguments contraires : c’est l’opponens. Enfin, le maître intervient pour donner sa solutio, sa détermination magistrale, et il termine par une réponse aux objections qui doit balayer les derniers doutes que l’opponens avait soulevés.
Antécédences : De la disputatio médiévale au débat humaniste
Cette défintion historiquea été adaptée : deux interlocuteurs, une animatrice et cinq réactions
Animatrice F. Sturbaut, V. P. E&D, réactions d'une représnetante du SNES-FSU, de V. Marty PEEP, de C. Paillette, Sgen-CFDT, de P. Raoult FCPE, de C. Mabika, délégué CNVL (faire défiler les photos)
Page d'écriture
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize...
Répétez! dit le maître
Deux et deux quatre
quatre et quatre huit
huit et huit font seize.
Mais voilà l'oiseau-lyre qui passe dans le ciel
l'enfant le voit
l'enfant l'entend
l'enfant l'appelle:
Sauve-moi joue avec moi oiseau!
Alors l'oiseau descend
et joue avec l'enfant
Deux et deux quatre...
Répétez! dit le maître
et l'enfant joue
l'oiseau joue avec lui...
Quatre et quatre huit
huit et huit font seize
et seize et seize qu'est-ce qu'ils font?
Ils ne font rien seize et seize
et surtout pas trente-deux de toute façon
et ils s'en vont.
Et l'enfant a caché l'oiseau dans son pupitre
et tous les enfants entendent sa chanson
et tous les enfants entendent la musique
et huit et huit à leur tour s'en vont
et quatre et quatre et deux et deux
à leur tour fichent le camp
et un et un ne font ni une ni deux
un à un s'en vont également.
Et l'oiseau-lyre joue
et l'enfant chante
et le professeur crie:
Quand vous aurez fini de faire le pitre!
Mais tous les autres enfants écoutent la musique
et les murs de la classe s'écroulent tranquillement
Et les vitres redeviennent sable
l'encre redevient eau
les pupitres redeviennent arbres
la craie redevient falaise
le porte-plume redevient oiseau.
Jacques Prévert
Il y eut un soir, il y eut un matin.
25 janvier 2014
Mathématiques
Quarante enfants dans une salle,
Un tableau noir et son triangle,
Un grand cercle hésitant et sourd
Son centre bat comme un tambour.
Des lettres sans mots ni patrie
Dans une attente endolorie.
Le parapet dur d'un trapèze,
Une voix s'élève et s'apaise
Et le problème furieux
Se tortille et se mord la queue.
La mâchoire d'un angle s'ouvre.
Est-ce une chienne?
Est-ce une louve?
Et tous les chiffres de la terre,
Tous ces insectes qui défont
Et qui refont leur fourmilière
Sous les yeux fixes des garçons.
Jules SUPERVIELLE
Marie-Christine TOCZEK-CAPELLE (vous pouvez agrandir et mettre le son)
Cinq ateleirs (laisser ou faire défiler les photos)
Une découverte de Rouen scénarisée par des élèves de BTS
Laisser ou Faire défiler les photos
La traditionnelle soirée d'E&D était animée par un groupe de Jazz placé sous le signe des patates (bien que ce ne soit pas, de l'aveu d'un de ses membres, lié on ne peut qu'évoquer le festival de Jazz Jam Potatoes de Luneray)
Comme vous le voyez le délicieux Touraine de JFD, bien que léger, a fait son effet.
Il y eut un soir, il y eut un matin (bis).
26 janvier 2014
Leny Escudero "Le cancre"
"Le cancre"
Je vis tout seul au fond d'la classe
Je dis je vis mais pas vraiment
J'ai pas d'cervelle, j'ai que d'la crasse
Faut s'faire tout p'tit, petitement
Et pendant que les purs, les vrais intelligents
Vous savez ceux qui sont toujours au premier rang
Pendant qu'ils vivent la vie des autres
La vie des bons auteurs, la vie des douze apôtres
Moi j'vis la mienne, et vive le naufrage
Moi j'vis la mienne, et vive le voyage
Un bout d'soleil tombé du ciel au creux d'ma main
Et je voyage
Un chant d'oiseau qui s'est perdu parc'que personne l'a entendu
Et je voyage
Bouche fermé, les bras croisés, les yeux levés écoutez bien têtes incultes
Le bon savoir, le vrai savoir, le seul savoir et vous serez de bon adultes
Et mon frère corbeau à l'autre bout du champs
Chante pour lui tout seul la chanson du printemps
Le professeur m'a dit que j'étais intelligent, mais pas comme il le faudrait,
C'est pas d'la bonne intelligence
Je suis ce qu'on ne doit pas faire
L'exemple à ne pas retenir
Qui rit quand il faudrait se taire
Et mon avenir, j'ai pas d'avenir
Et pendant que les autres font des sciences naturelles
Moi je pense à Margot, Margot, qui est si belle
Qui ne sait rien du tout, ni d'Iena, ni d'Arcole
Mais qui à la peau douce et douce la parole
Qui se fout du génie
Et vive le naufrage
Et qui aime la vie
Et vive le voyage
Un grand loup bleu danse dans ses yeux quand je le veux
Et je voyage
Puis il me mord au creux des reins c'était hier je m'en souviens
Et je voyage
Bouche fermé, les bras croisés, les yeux levés écoutez bien têtes incultes
Le bon savoir, le seul savoir, le vrai savoir et vous serez de bon adultes
Et mon frère corbeau à l'autre bout du champs
Chante pour lui tout seul la chanson du printemps
Apprendre à lire et à écrire, pour moi aussi c'est important
Mais après pour lire quoi, écrire quoi, ce qui les arrange les grands
Le jour de ma naissance, je suis venu dans le tumulte
Sans doute pour m'avertir que je venais dans un monde occupé par les adultes
Ca s'rait bien l'école, si au lieu de toujours parler d'hier
On nous parlait un peu d'aujourd'hui, de demain
Mais d'quoi j'me mêle moi, j'y connais rien
Pourtant j'ai l'impression que j'apprendrais mieux
Ce qui me touche un peu, ce que j'aime bien
C'est peut-être pour demain, qu'est-ce que ça s'ra chouette
Vous avez entendu, il faut qu'je parte, la cloche à sonner
Composition d'histoire, j'aurais dû réviser
Et moi j'suis là à parler, j'perd mon temps oui
Vous savez peut-être, il y a eu un coup d'Etat au Chili
On y assassine pour un non, pour un oui
Au Portugal, il y en a eu un aussi
Au petit matin, c'était la fin de la nuit
Et il paraît qu'en Espagne, on recommence à chanter dans les rues
Mais je n'suis sur de rien, j'ai seulement entendu dire
Ah, il faut qu'je parte la cloche à sonner
Ah, composition d'histoire et j'ai encore oublié
Et pourtant c'est facile, et puis c'est important
Mais.. Mais j'm'en rappelle jamais la date de la bataille de
Marignan
Mais je sais qu'c'est facile, mais j'ai encore oublié, ah merde !
Dimanche j'vais encore être collé
Mais pourtant c'est facile, et puis c'est important, la date de la bataille
De Marignan
C'est ça qu'y est important, la date de la bataille de Marignan
La date de la bataille de Marignan
Cathy Marret, Alioune Koné, Gérard Heinz, Almain Bollon